lundi 9 mars 2015

C'est la fin de semaine tous les jours

Sans me le dire, je sais que Papa-Hibou le pense, sans mépris ni jalousie. Je sais que pour lui, c'est un fait que pour moi, c'est la fin de semaine tous les jours.

Il a raison dans un sens. Je n'ai pas d'horaire, je vis tous les jours au rythme de mon fils. Je n'ai pas la pression de répondre à des «dead lines» précis. C'est vrai que je perds la notion du temps et que j'essaie autant que possible d'écarter le stress de ma vie. Mes plus gros projets sont de faire les courses ou de me taper une journée de lavage. Ma plus grosse inquiétude est de me demander ce que je vais préparer pour le souper. Pour le reste, c'est Bébé-Hibou qui décide: l'heure des repas, de jeu, de sieste, etc. C'est aussi lui qui décide s'il est de bonne ou de mauvaise humeur, et c'est à moi de faire avec.

L'envers de la médaille

Si c'est la fin de semaine tous les jours, ça veut aussi dire que si un matin Bébé-Hibou décide de se lever à 5h30 pour X raison, ben je dois aussi me lever à 5h30 alors que Papa se prélasse jusqu'à 8h00 parce que c'est samedi matin. Comme samedi dernier quand il s'est réveillé en hurlant, super bougon parce que deux dents étaient en train de percer.

Au réveil de Papa, Bébé-Hibou est claqué, c'est l'heure de la sieste, ben oui déjà. Et Papa-Hibou, en plus d'avoir fait la grasse matinée, d'avoir pu se réveiller tranquillement, peut prendre son café en paix, lire ses courriels sans se faire hurler dessus, manger son déjeuner sans avoir à se lever 25 fois entre deux bouchées pour répondre aux besoins de son fils.

Et pendant que Bébé-Hibou fait la sieste, je ramasse les restes du déjeuner, lave la chaise haute pour qu'elle soit prête pour le diner, me prépare un deuxième café en espérant le boire chaud, coupe les griffes du chien, nettoie la litière des chats, sors les poubelles...

Je sais que Papa-Hibou a de grosses responsabilités au boulot, il travaille fort et ça lui demande beaucoup d'énergie. Je sais que pour lui, la fin de semaine le fait décrocher de son quotidien. Que pour lui, mes p'tites tâches ménagères sont de la p'tite bière à côté de ce qu'il accompli quotidiennement au travail. Mais...


Ce que je lui envie

Le fait de pouvoir décrocher de son quotidien toutes les semaines. (Il y a plus de 8 mois maintenant que je suis ancrée dans le même quotidien, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24)

Le fait de pouvoir dormir toutes ses nuits sans interruption (ça se passe d'explication)

Le fait de pouvoir se coucher tard s'il le désire (dans mon cas, c'est une mauvaise idée. Bébé-Hibou ne fera pas la grasse matinée pour m'accommoder)

Le fait de pouvoir se réveiller au son de la musique douce qu'il a choisie comme réveille-matin. (Je me réveille au son d'un hurlement soudain et pressant)

Le fait de pouvoir «snoozer» autant de fois qu'il le désire. (Si je ne me lève pas au premier appel de mon fils, je prends le risque de vivre avec sa mauvaise humeur toute la matinée)

Le fait de pouvoir s'asseoir pour manger, et de manger tout son repas sans se lever.

Le fait de pouvoir manger sans se faire hurler dessus, même s'il est limité dans le temps au travail.

Le fait de pouvoir avoir une vie sociale, même si c'est au travail. (Mes amis les plus proches habitent à deux heures de route, même chose pour la famille. Ma vie sociale quotidienne se limite aux médias sociaux et aux caissières quand je fais mes courses)

Le fait de pouvoir s'isoler des cris au sous-sol. (Peu importe l'humeur de Bébé-Hibou, j'ai pas le choix de faire avec et de rester avec lui. La gestion de crise, c'est ma job)

Le fait d'être avec fiston uniquement, ou presque, quand il est joyeux et joueur (voir l'explication précédente)

Le fait que son linge soit lavé et plié, que la maison soit à peu près entretenue, que les courses soient faites sans qu'il ait eu à lever le p'tit doigt.

AJOUT:

Le fait de pouvoir prendre une douche sans se presser, sans entendre hurler, sans devoir constamment ouvrir la porte et faire des coucous pour divertir fiston

Le fait de pouvoir aller faire sa petite affaire aux toilettes en paix

etc.

Maman et fière de l'être

Mais j'ai aussi l'immense privilège de voir mon fils évoluer à chaque jour. Je vois notre relation s'intensifier et notre communication s'améliorer, je vois ses expressions de plaisir, je l'entends gazouiller, je découvre les aliments qu'il préfère, ce qui le captive. Je vois que pour lui, je suis tout.

Et pour  tout ça et bien plus encore, je ne veux être nulle part au monde si ce n'est près de mon fils. Oui c'est dur, oui j'ai besoin d'un break parfois, oui j'envie souvent papa. Mais je suis une maman, et je suis fière de ce que je suis, et je suis surtout fière d'élever mon fils moi-même. Je suis fière de ce qu'il accomplit tous les jours. Je suis fière de faire tout en mon pouvoir pour en faire un enfant confiant, heureux, curieux, affectueux, respectueux...

Je suis fière d'avoir fait pause sur ma vie pour me consacrer à celle de mon fils, sauf que vivre chaque jour comme si c'était la fin de semaine, c'est pas reposant pour autant. Aussi bien dire que c'est tous les jours un jour de semaine.

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