dimanche 15 novembre 2015

Mon fils ne m'aime plus

Je l'ai porté pendant 40 semaines et 4 jours.
Je me suis levée toutes les nuits pour le nourrir, le bercer, le cajoler.
Je l'ai allaité 11 mois, aussi longtemps que j'ai pu malgré les blessures qu'il m'infligeait.
J'ai dormi avec lui à chacun de ses rhumes, surveillant sa respiration, toujours attentive à son confort. J'ai aussi dormi avec lui chaque fois qu'il en a eu besoin pour trouver le sommeil.
Je n'ai jamais accepté de le laisser pleurer pour lui apprendre à dormir.
Je l'ai porté en porte-bébé aussi souvent que nécessaire pour qu'il puisse profiter de notre proximité pendant que je m'affairais dans la maison.
Je lui ai tout donné. Lui donne tout. Lui donnerai tout.

Mais mon fils ne m'aime plus.
Peut-être que mes hormones de 33 semaines me font tout voir en noir. Peut-être que ce n'est qu'une passe qui semble s'éterniser.

Mais reste que du haut de ses 16 mois, Bébé-Hibou me montre avec une cruelle innocence qu'il n'a pas besoin de ma présence. Pire, que ma présence le dérange.

Dès que j'apparais dans son champ de vision, il pleure. Quand Papa-Hibou arrive, il ricane et sautille.
Quand j'essaie de le faire manger, peu importe le repas, il se fâche, il pleure, lance son repas. Avec Papa-Hibou, il mange joyeusement.
Quand je dis «non» pour X raison, il se lance au sol, hurle, puis heurte sa tête volontairement sur le plancher. Il fait le bacon plusieurs minutes. Avec Papa-Hibou, il cesse son comportement sans rien dire.
Quand je le berce pour le dodo, il ne fait que répéter «Papa». Mais il insiste pour que ce soit moi qui aille le bercer.
Quand je vais le chercher après son dodo, une crise. Jusqu'à ce que Papa-Hibou apparaisse.
Quand je l'habille, le change de couche, le prépare pour le bain, il chigne et se débat. Avec Papa-Hibou, il se débat aussi, mais en hurlant de joie.

Il demande toujours son père. Ce qui est bien, tant mieux s'ils s'aiment et passent du bon temps ensemble. Mais être mise de côté, ça tue.

Et comme je me sens de trop, je m'habille pour aller prendre l'air. Il pleure à chaudes larmes en me voyant partir.

Autant je ne me sens plus utile que pour faire du ménage et préparer les repas qui finiront par décorer les murs, autant je me sens prisonnière de ma propre maison.

Mon fils fait tout pour me montrer qu'il me déteste. Et il fait tout pour que je ne m'éloigne pas trop.

J'vais devenir folle.

Pis sa soeur arrivera très très bientôt...